30/03/2014

La toux qui s'est installée n'a bien sûr pas aidé à ce que la nuit soit douce, la capitaine en second est toujours bien fiévreuse, courbaturée et fatiguée.

Nous partons à 8 H 30. 15/20 nœuds de vent pour cette navigation de 9 heures et nous nous posons à Ballast Bay, île de Saint Christopher. Des poissons volants, très nombreux, font ou se font la chasse autour du bateau, c'est étonnant dans la nuit !

Saint Kitts (abréviation de Saint Christopher) s'appelait Liamuiga, l'île Fertile, du temps des Indiens. Elle fut rebaptisée Saint Christopher par Christophe Colomb, du nom de son Saint Patron. Indépendante depuis 1983, elle est associée à Nevis. Ce fut la première colonie européenne des Caraïbes orientales. Anglais et français s'unirent pour envahir une terre espagnole et indienne (massacre de 2 000 personnes) avant d'en coloniser d'autres. D'abord française en 1623, puis anglaise un siècle et demi plus tard, les français étaient installés aux extrémités de l'île et les anglais au centre, sans jamais cesser de se battre comme en témoigne Brimstone Hill, l'un des plus importants forts des Antilles, symbole de la violence des combats. P1020165blog.JPG Saint Kitts était une riche île de planteurs (avec travailleurs et esclaves). Certaines habitations ont été très bien restaurées, au milieu des champs de canne à sucre (beaucoup moins nombreux aujourd'hui, mais on trouve aussi des champs de céréales). Ici aussi, le tourisme est devenu l'activité principale.

Jolies vallées, petites montagnes couvertes de forêts, chutes d'eau, plages de sable noir sont l'essentiel du paysage.

P1020149blog.JPG P1020161blog.JPG

31/03/2014

Nuit un peu meilleure et donc forme un peu améliorée (pas olympique pour autant).

Nous quittons le mouillage à 10 H 30 et jetons l'ancre devant la capitale Basseterre, une heure après. Les conditions sont très mauvaises : nous avons du mal à grimper dans l'annexe, tellement les vagues sont fortes. Au bout de quelques minutes, c'est le moteur (le neuf) qui s'arrête, nous obligeant une fois de plus, à ramer pour nous rapprocher d'un quai. C'était simplement le tuyau d'arrivée d'essence qui s'était débranché :-). Nous mettons pied à terre à Port Zante, (paradis supposé pour le shopping en duty free) afin d'effectuer les formalités administratives habituelles. Les employés parlent un anglais mâtiné de dialecte difficilement compréhensible, nous arrivons malgré tout à faire en même temps, la clearance d'entrée et de sortie.

P1020177blog.JPG

Nous déjeunons au Ballahoo, restaurant au premier étage d'un bâtiment, avec terrasse ouverte sur Le Cirque. Basseterre est décidément très anglaise et The Circus, place ronde avec en son centre une horloge coloniale est un Piccadilly Circus version caribéenne.

P1020185blog.JPG

Autour du centre-ville, subsistent d'anciennes bâtisses en bois et en pierre.

P1020184blog.JPG

A voir également : Independance Square et sa fontaine, où les esclaves étaient emmenés pour y être exposés.

P1020181blog.JPG

La plupart des habitants sont en costume spécifique, des écolières (chaussettes, jupette, noeud papillon) aux employés, une couleur différente par société, en passant par les policiers et autres fonctionnaires,... Des singes (Green Vervet) sont en exhibition sur les épaules de leurs maîtres, des croisiéristes récemment descendus du paquebot à quai envahissent les boutiques hors taxes (pardon pour l'amalgame), des pélicans se prélassent, surtout dans le port.

P1020175blog.JPG

Tout ce petit monde se côtoie et accentue le côté décor de théâtre de la ville, coquette malgré tout, où nous déambulons avec plaisir, sous le soleil des Caraïbes.

Retour au bateau dans l'après-midi et nous testons la White House Bay, à une heure et demie de là. Nous serons aux premières loges d'un incendie très étendu, tout près de la côte, qui durera toute la nuit.

01/04/2014

Cinquième jour de fièvre pour le moussaillon qui a un peu de mal à remonter la pente.

Sous un ciel mitigé, nous levons l'ancre à 9 H 15 après que le capitaine ait brillamment récupéré, à quelques dizaines de mètres du bateau, sa palme jaune (couleur qui se voit bien) Marès, tombée à l'eau hier en fin d'après-midi, par 7 ou 8 mètres de fond.

Le vent est faible : à peine 5 à 10 nœuds, mais nous nous accrochons quand même à une bouée de Pinney's Beach à Nevis, l'île ronde, moins de deux heures après notre départ. Des récifs coralliens encerclent la côte, protégeant ainsi les plages.

Longue plage de sable argenté, grands cocotiers, hôtels de luxe, c'est d'un commun ! Il faut quand même signaler que l'un d'entre eux est le 4 seasons, 5 étoiles, avec rochers artificiels rajoutés pour casser la houle, golf 18 trous où les balles, biodégradables composées de nourriture pour poissons, ne sont, si elles tombent à l'eau, pas perdues pour tout le monde, car aussitôt consommées...

P1020218blog.JPG P1020228blog.JPG

En début d'après-midi, nous allons en annexe jusqu'à Charlestown, pour découvrir cette minuscule capitale où les touristes ne sont pas légion.

P1020233blog.JPG

Le monument du Mémorial se trouve dans un parc triangulaire. Au milieu du XVII ème siècle, la ville fut rebaptisée ainsi en l'honneur du roi Charles II, monarque anglais de l'époque. La ville n'a guère changé depuis cette époque, les maisons construites d'un mélange de pierres volcaniques et de bois sont toujours présentes.

P1020238blog.JPG P1020240blog.JPG P1020242blog.JPG

Ici aussi (surtout ici d'ailleurs), on rencontre des singes Green Vervet (au dos vert) que les planteurs ramenaient d'Afrique pour leur tenir compagnie.

Moins grande et moins animée que sa « soeur », l'île de Nevis, c'est une succession de pics, dont le Nevis Peak, volcan à double sommet (985 m), souvent encadré de gros nuages blancs, c'est pour cette raison que Christophe Colomb l'appela Nuestra Senora de las Nieves (Notre Dame des Neiges). Au sud de l'île, on trouve les ruines du fort Charles et de l'ancienne station thermale, très prisée des anglais par le passé. Des vestiges de moulins à sucre se voient un peu partout, il y en eut jusqu'à 200.

Tremblements de terre, incendies, destructions, l'île ne fut pas épargnée dans l'histoire.

Nevis est devenue le centre du trafic d'esclaves dans les années 1650, elle était alors surnommée la reine des Caraïbes. Les premiers esclaves africains arrivèrent en 1649, 7000 furent ainsi déplacés pendant la période la plus « active ».

Les deux personnalités de Nevis sont : Alexander Hamilton, futur héros de l'indépendance américaine et encore et toujours, le futur amiral Nelson qui se maria ici.

02/04/2014

La bouée est relâchée à 7 H 45, dans quelques heures, nous aurons encore changé de pays, ce sera Montserrat et nous hisserons leur pavillon après avoir affalé celui de Saint Kitts et Nevis.

Montserrat est une colonie britannique dont Plymouth était la ville principale. C'est une île montagneuse, verte, sauvage et accidentée, aux pics volcaniques déchiquetés. Son cratère : la Soufrière de Galway est en perpétuelle ébullition. Quand Christophe Colomb la découvrit, il la baptisa du nom d'un monastère près de Barcelone, à cause de la sérénité quasi-monastique de l'île. Elle est connue sous le nom de l'île Emeraude des Caraïbes, pour ses paysages et ses liens très anciens avec les Catholiques Irlandais qui, fuyant les persécutions anglaises et écossaises de Saint-Kitts et Nevis, s'y établirent dès les années 1630. Le trèfle est l'emblème de l'île et une harpe figure sur le drapeau et sur les timbres.

En 1995, eut lieu une première éruption qui précéda les principales, datant de 1997, ayant conduit à l'évacuation et finalement à la destruction de la capitale. Vivre et travailler là devint très difficile : presque chaque jour, de la poussière volcanique polluait l'air ; cela entraîna un exode des deux tiers de la population. Durant l'été 2003, l'immense dôme du volcan s'effondra et ce dernier montra des signes d'endormissement aussitôt traduits par la réouverture de plusieurs sites. Malheureusement, début 2006, nouveau jaillissement du dôme suivi d'une éruption, puis d'une nouvelle fin 2008 et d'une autre enfin, plus forte que jamais, en Février 2010.

Ciel gris, 10/12 puis 15 nœuds de vent, houle annoncée d'1 mètre 20 à 1 mètre 50.

Nous mettons une ligne à la traîne du bateau, ne pêchons pas de poisson mais le leurre doit quand même être un minimum efficace car des oiseaux essaient de l'attraper ! Nous devons par contre l'enrouler en urgence quand nous voyons un groupe de dauphins s'approcher du bateau, ils ne feront en fait que passer mais la ligne restera remontée.

A 14 H 15, nous voilà à Little Bay, principal port de l'île où nous jetons l'ancre. Les villages situés dans la partie nord le long de la côte sous le vent n'ont pas souffert des récentes éruptions volcaniques.

P1020255blog.JPG P1020260blog.JPG

Le capitaine en second se repose à l'intérieur du voilier. Le capitaine est dans l'après-midi soumis à contribution par le bateau charter voisin, dont l'annexe est percée de deux trous, alors qu'il doivent déposer deux passagers sur l'île et faire les formalités douanières. Notre annexe sera finalement prêtée et rendue à la nuit (solidarité entre marins), l'équipage de l'autre bateau ne souhaitant pas se lancer dans une réparation de leur bateau pneumatique, à l'issue incertaine. C'est au retour de notre annexe que nous découvrons, à l'arrière du voilier et de manière bien nette à la lumière d'une lampe, un requin très clair, d'un bon mètre de long, saisissant dans l'eau noire. Il vaut parfois mieux ne pas savoir ce qu'il y a sous nos pieds, n'est-ce-pas ?

03/04/2014

Départ à 7 H 40 pour Deshaies. Vent de force 3 à 4. A bâbord, Redonda, en arrière-plan, Nevis. Pour la deuxième fois en peu de temps, la météo marine annonce une brume due au sable en provenance du Sahara.

Nous faisons le tour de l'île et passons devant le volcan de Montserrat, toujours actif avec ses fumerolles bien visibles et ses très récentes et gigantesques coulées. Impressionnant !

P1020293blog.JPG P1020298blog.JPG P1020285blog.JPG

Un rappel de la puissance de la nature (mais contrairement au Perito Moreno, l'ensemble ici, est stressant, pour ne pas dire carrément flippant), une leçon d'humilité. De ce côté de l'île, quelques rares maisons ont subsisté sous la coulée, alors que de l'autre, que nous ne voyons pas, se trouvait la capitale Plymouth, totalement dévastée et presque entièrement ensevelie, mais heureusement évacuée à temps. A la droite du volcan, suffisamment loin pour être protégées de sa fureur, des maisons se dressent fièrement.

P1020279blog.JPG