Le départ étant prévu pour 7h30, je suis debout à 6h00, j’aime bien faire le tour du bateau avant le départ même pour une petite étape.

Vers 7 h 15 sensation bizarre, et en quelques secondes j’ai reculé vers la plage de plusieurs mètres. Je mets en route et me tiens au moteur et pilote pour remonter tranquillement mon ancre, lorsqu’il ne m’en reste que 5/6 mètres au fond le guindeau se met à forcer anormalement. Je constate la prise d’un bout de 80 m/m collé au fond. Je n’arrive pas à le remonter suffisamment pour passer un bout et dégager mon ancre, pas question de plonger seul au risque de voir le bateau s’échouer, Martine ne peut pas manœuvrer dans ces conditions. En même temps je constate que Jacques a le même problème que moi, il décroche. Je l’appelle par VHF et il peut faire sa manœuvre de dégagement sans autre problème. Mais moi je suis toujours bloqué dans une position inconfortable, la mer se forme de plus en plus, le bateau tire et la chaine se tend brutalement à plusieurs reprises. Je ne peux mettre de la chaine au risque de ne plus avoir le temps de dégager avant la remontée de la plage en cas de rupture de chaine ou d’ancre. Dans du sable et gravillon je n’avais pas mis d’orin. Depuis que nous sommes en Italie c’est la première fois, car à plusieurs reprises je me suis dégagé grâce à lui, mais là les fonds sont tellement clairs que l’on ne voit aucune trace d’épaves de roches ou de corps mort. 100_0676.JPG J’avais estimé, à tort, inutile de le mettre. De plus, 4 mètres de fond n’est pas un obstacle infranchissable pour plonger (dans de bonnes conditions). Dans la houle avec le peu de place cela devient impossible, à moins d’être deux, et aux commandes quelqu’un qui connait parfaitement les réactions du bateau.

Pour soulager le guindeau, je crochète un bout sur la chaine avec un ressort de quai pour amortir un peu les à-coups du à la houle, et en relâchent le peu de chaine que je pouvais, elle échappe du guindeau et tombe brutalement de la longueur du bout soit 1,5 mètres.

Comme le moteur était en prise au ralenti, un à-coup plus désordonné que les autres fait balancer le bateau et je ressens une libération. Je me précipite sur les commandes, marche arrière, barre à bâbord et je me déhale, au bout de quelques mètres et étant dégagé, je confie les commandes à Martine, qui cette fois se sent plus sure et réalise parfaitement la manœuvre que je lui ai confiée.

Je retourne monter mon ancre et je constate qu’une des pelles est bien tordue rendant l’ancre inutilisable. Nous nous dirigeons vers la cote abritée sinon du vent au moins de la houle, le temps de se remettre de nos émotions. Puis nous prenons la direction de Milazzo, où un port est signalé pour se mettre à l’abri et pour essayer de redresser mon ancre.

J’en ai bien 2 autres mais une ne fait que dix kilos et est prévue pour empenneler sur la principale pour quelques mouillages difficiles (ce que je ne souhaite pas) et l’autre est une charrue de 25 kilos qui pose de gros problèmes de manutention sur l’étrave