Objectif de ce billet : faire un bilan de 9 mois de navigation. Ce qui a bien marché, mais aussi et surtout ce qu'il faudra améliorer dans l'optique d'une nouvelle croisière au long cours. Ce billet sera régulièrement modifié notamment pour garder la mémoire des améliorations à effectuer dans le futur.

LE BATEAU (dans sa globalité) Il n'a pas été étudié pour de telles expéditions, mais il s'en est tout-à-fait accommodé. Les défauts (somme toute mineurs) listés plus bas ne doivent pas laisser penser que je regrette le choix fait lors de l'achat de ce bateau. En effet, la somme à débourser pour acheter un bateau dit « de voyage » est globalement le double de la somme déboursée pour notre Bavaria et je reste persuadé qu'une telle somme ne se justifie pas pour une boucle Atlantique lors d'une année sabbatique. Peut-être qu'un tour du monde en 3 ans nécessite un autre type de bateau (même si l'exemple de Vega, bateau rencontré plusieurs fois entre l'Espagne et la Martinique, de moins de 11m et de plus de 20 ans, est à méditer). Pour notre part, la prochaine grande croisière devrait être un tour de la Méditerranée et notre Bavaria devrait encore très bien s'en sortir. A quelques reprises, j'ai regretté de ne pas avoir une quille rétractable pour mouiller plus prés de la plage, ou pour éviter le stress de la rencontre d'une patate de corail à Antigua, mais est-ce que ces quelques minutes de stress ou de frustration valent 150 000€ ?. Je reste persuadé que non.




LE BATEAU (dans les détails)

Le matelas de notre cabine : il faut penser que lors d'une croisière au long cours, on dort tous les jours sur ce matelas durant des mois. Il ne faut donc pas mégoter sur la qualité de ce matelas. Je pense, lors d'un prochain voyage, acheter un matelas du commerce et le retailler pour lui donner la forme requise, car les simples blocs de mousse n'offrent qu'un confort tout relatif, et nous n'avons plus 20 ans ! Un problème non résolu à ce jour est l’aération du matelas. En effet il fait chaud sous les tropiques, et donc on transpire beaucoup et il faut évacuer toute cette eau. Nous n'avons pas trouvé de solution pour cette question, même si nous avons entendu parler de sous-matelas anti-humidité en coco imputrescible et latex naturel, sans réussir à en trouver.

Le problème des bateaux de grande série, est qu'ils sont conçus pour passer des vacances (le plus souvent au port d'ailleurs) et donc les rangements ne sont pas prévus pour un voyage de plusieurs mois. En particulier, les coffres extérieurs sont trop petits, peu accessibles et pas assez nombreux.

CE QUI EST BIEN La sdb avec douche séparée ; Le cockpit, qui permet de vivre dehors, même si les coins avant, arrondis, sont peu agréables durant les longues navigations (mais ce défaut pourra être réglé par des coussins en forme) ; Le bimini et le taux de descente ; La plage de bain. Les vérins électriques fournis de série avec le bateau, de très mauvaise qualité, ont fini par nous lâcher. Nous les avons avantageusement remplacé par un système à base de bouts et poulies ; Les voiles sur enrouleurs : Elles ont été très fiables ! Les coussins de cockpit, même si il faut revoir la conception et la qualité du tissu des habillages ; Le principe des moustiquaires sur les portes et hublots ; Les 3 cabines ne sont utiles que dans le cas d'une traversée, sinon 2 suffisent car on ne devrait pas recevoir plus de 2 personnes à la fois (mais ceci sera contredit par le Cap en second) ;

LES AMELIORATIONS (indispensables ou superflues)

LE FRIGO C'est un vrai gouffre à énergie ! Son isolation est terriblement mauvaise et le moteur tourne environ 50 % du temps (aux Antilles). A refaire complètement pour qu'il consomme moins. Essayer aussi de prévoir un compartiment à glaçons ! (c'est tout de même plus sympa pour l'apéro). 

PRODUCTION ENERGETIQUE Nous n'avons pas assez d'autonomie, en grande partie à cause du frigo. Mais, même avec un frigo efficace, je reste persuadé que le minimum est d'installer un 3ème (voire un 4ème, mais cela nécessitera de changer le convertisseur de tension pour un plus puissant) panneau solaire. Actuellement et avec nos 200W de panneaux solaires, le frigo nous oblige à faire environ 1 H de moteur par jour pour garder les batteries en pleine charge, et ce sous les climats tropicaux !

LE GROUPE ELECTROGENE Le groupe électrogène ne nous a servi à rien, car la nuisance sonore engendrée par cet équipement est telle que l'on préfère faire une heure de moteur (pour une production d'env 50Ah) plutôt que 2 heures de groupe (pour une production d'env 20Ah). Pourtant, le groupe permet d'avoir du 220V à bord, ce qui peut être utile voire agréable en certaines circonstances. En fin de croisière, j'ai copié l'installation faite par un autre voyageur sur un Bavaria. Il a eu l’idée, que je trouve géniale, d'installer le groupe électrogène dans le compartiment moteur, seul endroit insonorisé du bateau. Test rapide effectué. Le bruit devient tout-à-fait acceptable. L'installation sera terminée après le retour du bateau en métropole (en effet il faut ventiler le compartiment pour disperser la chaleur et surtout modifier l'échappement du groupe afin de pouvoir évacuer les gaz d'échappement de manière sécurisée vers l’extérieur du bateau.

DESSALINISATEUR C'est un vrai élément de confort avec 3 problèmes majeurs. Il coûte au bas mot 6000€ ! Il faut l'alimenter en 220V et donc il faut un groupe électrogène qui tourne. Sa fiabilité semble très aléatoire (2 bateaux croisés, qui en étaient équipés, en étaient très contents, et 1 autre avait arrêté de l'utiliser). Or, de mon point de vue, la question de son utilisation ne se pose réellement que dans 2 cas précis : - En traversée transocéanique, pour assurer une autonomie en eau qui donne une sécurité supplémentaire et un confort d'utilisation (par exemple possibilité de douches régulières). - Et pour l'utilisation de la machine à laver le linge entre 2 visites dans les marinas. Durant la traversée, nous avons tout fait pour économiser l'eau (pas de douches, toilette minimum tout de même, vaisselle à l'eau de mer). Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas confortable, mais on y survit et cela ne dure que 3 semaines Une fois la traversée effectuée, nous nous en sommes très bien passés. Une visite de 2 à 3 jours chaque mois dans une marina de Martinique ou Guadeloupe, nous a permis de faire notre lessive (on s'habille peu sous ses latitudes, et donc on salit peu de vêtements).

MACHINE A LAVER La machine à laver nous a été utile au Maroc et nous aurait servi en Espagne, car nous étions très régulièrement dans des marinas. Par la suite, n'allant que très rarement dans les marinas, nous ne l'avons pas utilisée.

LES BOSSOIRS Les bossoirs ne conviennent pas : il vaut mieux un portique qui permet de remonter l'annexe beaucoup plus haut en navigation, afin de ne pas toucher l'eau lorsque l'on gîte (contrairement aux bossoirs). De plus, cela permettrait de mettre davantage de panneaux solaires et permettrait aussi de hisser le moteur, voire l'annexe équipée de son moteur pour les escales et navigations sur mer calme.

L'EOLIENNE Je n'ai pas installé d’éolienne en écoutant radio ponton (en métropole!) qui disait que durant les navigations au portant, le vent relatif est souvent trop faible pour une production suffisante et que durant les périodes de mouillages (beaucoup plus nombreuses et longues que les précédentes), on choisissait des mouillages calmes et donc l’éolienne ne produisait pas. Pour une navigation aux Antilles, tout est faux ! D'abord, les navigations se font vent de travers, donc les éoliennes produisent, et les alizés entre 15 et 25 nds permettent une belle production. Ensuite les périodes de mouillage : les mouillages dans les Antilles sont la plupart du temps ventés (certains, comme Deshaies ou les Saintes sont même des accélérateurs de vent) et donc les éoliennes tournent. En conclusion, l'installation d'une éolienne n'est pas du tout une ineptie pour une croisière dans les Antilles.




L'ANNEXE Je ne regrette pas l'achat de notre annexe (largeur 1.6m, boudins de 40cm et 3.05m de long). En effet, l'annexe est un moyen de locomotion que l'on utilise tous les jours, de plus, certains mouillages sont relativement éloignés des dinghy docks. Si on en rachète une, ce sera une à fond rigide (ceci étant lié au portique). Nous aurons toujours 2 moteurs à bord. Une des leçons de cette croisière est que les moteurs d'annexe ont une fiabilité proche de zéro ! Une autre leçon est que les moteurs 2 temps ont une meilleure fiabilité que les 4 temps (tout du moins pour les petits moteurs allant jusqu'à 9CV). Cependant, on ne peut plus les acheter neufs en Europe et c'est pour cela que nous en avons acheté un à St Martin. Un moteur de 5 ch (en 2 temps) semble un bon compromis entre la puissance (et donc la vitesse) et la masse (les 2 temps sont nettement plus légers que les 4 temps).

L'AIS C'est une erreur de ne pas l'avoir installé avant de partir. En effet, le stress lié à la rencontre de gros bateaux est non négligeable et l'AIS évite ce stress. Bien sûr, le transpondeur (émetteur/récepteur) est mieux car les bateaux vous « voient » sur leurs écrans, mais la réception seule (qui impose une veille plus attentive) permet déjà de lever la plupart des doutes sur une « rencontre » éventuelle avec un super tanker ! Nous avons finalement acheté une VHF avec AIS intégré, car cela est le meilleur rapport service/prix et de plus, cela évite l'installation d'une deuxième antenne (la VHF gère les 2).

WIFI Nous disposons d'une antenne avec amplificateur pour capter les réseaux wifi depuis le mouillage ou bien dans les ports. C'est bien, mais une antenne plus grosse permettrait probablement de capter un peu mieux et donc de stabiliser la réception.

LA TRINQUETTE Elle est installée sur un étai largable. Il faut l'installer sur un enrouleur, sinon on navigue en permanence sous génois moitié enroulé car gréer la trinquette est trop pénible pour une navigation courte. Hors, le génois sur enrouleur à moitié enroulé n'est pas efficace comme le serait une trinquette.

LA CONSERVATION DES FRUITS ET LEGUMES Nous avons installé des filets dans le carré, mais il faudra améliorer ce système. De plus, il semble qu'il ne faille pas mélanger certains fruits et légumes sous peine de mûrissement accéléré et incontrôlé.

Les fichiers GRIB Fiasco complet avec l'inmarsat ! Nous n'avons jamais réussi à récupérer un fichier durant la traversée. Il semble qu' Irridium soit plus fiable (encore radio ponton!). Mais le téléphone satellite n'est utile qu'en cas de traversée transocéanique, car en cas de croisière type tour de méditerranée, étant régulièrement proches des côtes, on a accès au GSM et donc à internet. Nous avons rencontré des gens qui étaient très satisfaits de leur BLU.

LA BACHE A RECUPERATION D'EAU La bâche à récupération d'eau faite au Maroc ne nous a pas servi. En effet, en faisant attention à notre consommation d'eau et sachant que nous ne sommes que 2 personnes à bord la plupart du temps, un remplissage des réservoirs s'est imposé tous les 10 à 15 jours. Comme toutes les stations services de toutes les marinas disposent d'un tuyau pour distribuer/vendre de l'eau, nous n'en avons jamais manqué. Il est vrai que nous ne nous sommes pas aventurés dans les archipels éloignés comme les Roques ou les San Blas, ni ne sommes allés au Vénézuela et autres pays ou la qualité de l'eau laisse régulièrement à désirer. Nous n'avons de plus navigué que durant la saison dite sèche (le Carême) et, mis à part en début de saison, les grains que nous avons rencontrés ne nous auraient de toute façon pas permis de remplir nos réservoirs.

LE SPI Nous n'avons pas de spi et je ne le regrette pas. Ma compétence en la matière, le fait que l'on navigue la plupart du temps à 2 et surtout le fait que les périodes de vent faible sont très rares, m'ont confirmé que cette option était la bonne pour nous.

AMELIORATIONS DIVERSES

Il faut faire des housses pour 1 ou 2 jerrycans d'essence et de gazole, de manière à les laisser sur le pont en navigation et libérer de la place dans les coffres.

Le stockage des pare battages est toujours un point auquel je n'ai pas apporté de réponse satisfaisante.

Antenne TV/FM en tête de mât ? Nous n’avons pas de télé à bord (et ne le regrettons pas!), mais une antenne en tête de mât permettrait de capter correctement la radio. A installer lors de prochains travaux.

Éclairage extérieur. Nous avons installé un éclairage avec des bandes de Led achetées aux Canaries. Elles ne supportent pas très bien l'air salin et il faudra rapidement les remplacer, mais elles permettent un éclairage vif pour une faible consommation électrique.